À partir du 22 août 2022, Sayuri assume le rôle d’apostate professionnelle, instrumentalisée par les ennemis de son ancienne religion.
par Masumi Fukuda
Article 4 sur 5. Lire l’article 1, l’article 2 et l’article 3.
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Tard dans la nuit du 25 août 2022, Masako s’inquiète et envoie un message via la messagerie LINE à Sayuri, disant à sa fille qu’elle veut se rendre chez elle le lendemain. Le 26 août, Sayuri répond : « Désormais, plus personne de l’Église n’est autorisé à entrer chez nous. Si vous voulez, venez, mais soyez prévenus : je prends des vidéos de tout et je les diffuse sur YouTube, sur les réseaux sociaux et à la télévision. » Masako était déjà proche de chez Sayuri, mais elle décide de faire demi-tour.
Yoshihiko essaye de communiquer avec sa fille via LINE. Il se sent coupable en tant que père de n’avoir pas aidé sa fille, laquelle disait être devenue mentalement instable après avoir vu sa mère maltraiter sa grand-mère. Mais il ne peut pas admettre des mensonges. Voici des extraits de leurs conversations sur LINE :
Le père : « X [le vrai nom de Sayuri], je ne sais pas dans quels médias tu es apparue, mais tu vas bien ? Tu as arrêté de prendre tes médicaments, tu ne te surmènes pas trop ? Tu es probablement en train d’allaiter, ta mère est très inquiète à ce sujet. Tu penses que cela ne nous regarde pas, je le sais, mais n’est-ce pas le moment où tu devrais te concentrer à prendre soin de ton enfant ? J’aimerais juste qu’on ait un peu de temps pour se retrouver ensemble en famille, à nouveau. »
La fille : « Merci d’avoir ruiné ma vie, de m’avoir infligé un traumatisme et une maladie mentale, et d’avoir pris près de deux millions de yens de mon salaire. Si vous me payez trois millions de yens en guise de consolation, je vous écouterai. Sinon, ne me recontactez plus à l’avenir. »
Le père : « Papa veut juste s’excuser auprès de toi. J’aurais vraiment dû discuter avec ta mère au sujet de ta grand-mère. Je pensais qu’il fallait laisser tomber. Ta mère disait qu’elle ne pouvait s’empêcher de se disputer avec ta grand-mère à cause des blessure profondes qui lui ont été infligées depuis sa naissance. Je suis vraiment désolé. J’aurais dû trouver une solution. Mais je n’ai pas réussi. À cause de cela, je t’ai sacrifiée, toi qui étais la plus sensible. Si l’argent peut résoudre ton problème, je ferai tout pour en trouver. Mais je ne comprends pas certaines parties de l’histoire, lorsque tu dis que moi, ton père, et ta famille, nous avons pris ton argent, alors s’il te plait, explique-moi. »
La fille : « Maman prenait la totalité de mon salaire, chaque mois, après que j’ai terminé mes études secondaires. Elle me disait qu’elle me rembourserait, mais elle ne l’a jamais fait. Près de deux millions de yens en deux ans ».
« Comment pouvez-vous manger tranquillement, sans me rendre mon argent ? Je vous méprise du plus profond de mon âme. »
Le père : « Ta mère se souvient bien de t’avoir emprunté 160 000 yens à un moment difficile, et de n’avoir pas pu te rembourser. Je suis vraiment désolé. Comment faisais-tu pour vivre, quand tu étais seule dans ton appartement ? Cela a dû être très difficile. Est-ce que tu donnais ton salaire directement à ta mère en liquide ? Ou bien avait-elle ton livret bancaire ou ta carte de crédit, et elle retirait l’argent ? Je serais reconnaissant si tu pouvais m’expliquer davantage. »
La fille : « Lorsque j’ai été hospitalisée à Cheongpyeong, maman a retiré toutes mes économies, sans ma permission. Elle ne les a pas empruntées, elle les a prises sans me demander mon avis et ne m’a jamais rendu l’argent. Je recevais mon salaire en espèces pour mon travail à temps partiel et, chaque mois, maman me disait : ‘C’est si dur en ce moment, je te rembourserai sans faute’, alors je lui donnais l’argent. Quand je lui refusais, elle venait au Y (l’établissement pour handicapés où je travaillais) pour le récupérer directement le jour de la paie. »
Le père : « Merci de me dire cela. Tu dis que ta mère a retiré tout l’argent de ton compte au Japon, et que lorsque tu es revenue de Cheongpyeong tu as découvert qu’il n’y avait plus rien sur ton compte. Mais tu n’as rien dit à ce moment-là : tu l’avais donc accepté ? Combien d’argent remettais-tu à ta mère chaque mois ?
Je sais qu’en octobre 2014, tu es allée trois fois à Cheongpyeong. Et quand tu retournais au Japon, toutes tes économies avaient disparu et tout ton salaire était pris chaque mois. Cela veut donc dire que ta mère te donnait de l’argent pour tes dépenses ? Tu as dû payer l’auto-école, la voiture, les réparations de la voiture, le loyer de l’appartement, et d’autres choses encore, depuis environ janvier 2016 – alors d’où venait tout cet argent ?
Au cas où tu ne le saurais pas, nous n’avons pas acheté la pagode à deux étages et la statue du Maitreya ; nous en avons hérité au décès de leur propriétaire.
Tu penses peut-être que nous avons fait de grosses donations à cause de la pagode à deux étages ou de la statue du Maitreya. Quand tu étais petite, nous avons connu des difficultés financières, mais ce n’était pas à cause des dons. Je crois qu’il y a beaucoup de mécompréhension et de malentendus à ce propos.
Tu as dit que ta mère a retiré tes économies pendant que tu étais hospitalisée à Cheongpyeong. Si tu as encore ton livret bancaire, peux-tu en prendre une photo et me l’envoyer ? Car ta mère est très inquiète à ce sujet. Si tu n’as plus le livret, peux-tu demander à ta banque de nous fournir l’historique des transactions ? »


Mais Sayuri ne donne pas de réponse.
Lorsque son père lui demande de présenter son livret bancaire ou l’historique de ses transactions pour corroborer son histoire, Sayuri ne répond pas ou esquive la question.
Tout d’abord, examinons sa déclaration : « Maman prenait la totalité de mon salaire, chaque mois, après la fin de mes études secondaires. Près de deux millions de yens en deux ans. » En fait, les périodes pendant lesquelles Sayuri affirme que son salaire était prélevé changent souvent dans ses déclarations. Mais supposons que c’était après la fin de ses études secondaires. Cette année-là (2014), elle a suivi des formations du 15 mars au 24 avril, du 26 avril au 4 juin, du 30 juillet au 30 septembre, puis du 29 décembre au 2 janvier de l’année suivante.
Et après janvier 2015, elle a fréquenté une école professionnelle de formation de conseillère à Nagoya pendant une courte période, de sorte qu’elle n’a pu travailler que pendant un temps limité. On a du mal à croire qu’elle ait gagné deux millions de yens en deux ans.
En outre, elle a dit que, dans l’établissement pour handicapés où elle travaillait, elle recevait son salaire en espèces jusque vers avril 2015, et que sa mère lui prenait son argent tous les mois, jusqu’à cette époque. Si tel avait été le cas, la période aurait duré depuis mars 2014, quand elle a obtenu son diplôme d’études secondaires, jusqu’à avril 2015, ce qui fait un peu plus d’un an, et non deux ans. Elle a déclaré : « Je recevais mon salaire en espèces, il n’y a donc aucune trace dans mon livret bancaire. » Mais lorsque son père lui a demandé de divulguer le livret, elle a refusé.
Son affirmation selon laquelle « maman a retiré toutes mes économies sans ma permission lorsque j’étais hospitalisée à Cheongpyeong » est semblable à ce qu’elle a déclaré lors de l’audition du Parti démocratique constitutionnel : « Lorsque j’étais hospitalisée dans un service psychiatrique, ma mère a retiré toutes mes économies cachées sans ma permission. » Notez qu’elle a mentionné cette histoire pour la première fois en août 2022.
Sa mère Masako déclare : « Je n’avais aucun moyen de connaître l’existence de son compte secret, et même si je l’avais su, n’étant pas propriétaire du compte, je n’aurais pas pu retirer l’argent sans sa permission. » Quant à l’affirmation selon laquelle elle aurait directement pris le salaire de sa fille auprès de son employeur, elle s’interroge : « Je ne connaissais même pas le jour de paie ni le montant qui était dû à ma fille. Comment aurais-je pu aller chercher cet argent ? »
Clairement, l’affirmation de Sayuri selon laquelle sa mère lui a pris son argent n’est donc pas du tout plausible.
Voici maintenant la véritable histoire de la conférence de presse au Club des correspondants étrangers du Japon, le 7 octobre 2022.
Le 6 octobre, les parents de Sayuri sont informés par le staff d’une église locale que Sayuri tiendra une conférence de presse le jour suivant, au Club des correspondants étrangers du Japon. Ils sont surpris et pensent qu’il faut agir. Un membre de l’église a parait-il vu sur Twitter le message de Sayuri annonçant la conférence de presse le lendemain.
Pourtant, ses parents ne sont informés qu’après 21 heures, le 6 octobre. Comme Yoshihiko commence à travailler très tôt, à 4 heures du matin, ils n’ont pas le temps de réfléchir à la question. Malgré tout, le frère de Sayuri appelle d’abord cette dernière. Mais elle ne répond pas. Alors, le matin du jour de la conférence de presse, Yoshihiko envoie le message suivant via LINE : « Tu vas donner une conférence de presse aujourd’hui. La famille et moi sommes très inquiets, car beaucoup de tes souvenirs sont très différents des nôtres. Avant de t’adresser à un large public, s’il te plait vérifie d’abord tes anciens courriels et messages avec nous, ainsi que les transactions de ton livret bancaire. Tu crois maintenant que tes souvenirs sont corrects, mais j’ai peur que tu sois peinée si tu découvres que tes souvenirs sont faux. »
Yoshihiko déclare : « Je savais qu’il serait difficile d’arrêter la conférence de presse, mais je voulais faire tout ce qui était possible pour empêcher la diffusion de fausses informations. Or, mon message via LINE n’a jamais été lu. »
Plus tard, un responsable local de l’église suggère à Yoshihiko d’envoyer un fax au Club des correspondants étrangers du Japon. Mais celui-ci n’a pas le temps de préparer le document. Les parents de Sayuri demandent donc à un membre au siège de l’Église, qui parle anglais, de préparer le document en japonais et en anglais et de le leur envoyer par courriel. Yoshihiko lit et comprend le texte. Il pense que le texte en anglais est suffisamment bon et que la traduction n’est pas nécessaire ; le père et la mère signent donc le document en anglais.
Yoshihiko demande à Masako de l’envoyer par fax.
Sayuri a ensuite publié sur Twitter que le fax était arrivé au Club des correspondants étrangers à 10 h 40 : « Urgent. Nous sommes les parents de Sayuri Ogawa (de son vrai nom XX), une ex-membre de l’Église de l’Unification, qui va donner une conférence de presse aujourd’hui dans votre Club. Comme elle l’admet en haut de sa page Twitter, XX souffre d’une grave maladie mentale connue sous le nom de ‘trouble dissociatif de l’identité’. Selon le site Web du ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales, cette maladie mentale est une névrose, dans laquelle des personnalités diverses ayant des caractères, des souvenirs ou des sexes différents apparaissent chez la même personne. XX présente les symptômes de la maladie depuis longtemps, mais ils se sont aggravés après que les médias ont commencé à parler de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Abe. Elle a commencé à parler dans les médias et lors de réunions de partis politiques, en décrivant des faits complètement différents de ce qui s’est réellement passé.
Nous sommes très préoccupés du fait que, si elle continue d’agir ainsi, ses troubles mentaux risquent de s’aggraver, et elle risque de commettre un délit de diffamation. Par conséquent, nous envisageons actuellement des procédures juridiques pour l’empêcher de raconter d’autres récits mensongers.
En conséquence, nous vous prions instamment d’annuler sa conférence de presse aujourd’hui […].
Meilleures salutations,
[Signatures des parents]. »


Vers 13 heures, un autre document demandant l’annulation de la conférence de presse est envoyé au Club par l’avocat de l’Église. Lorsque la conférence de presse commence à 14 heures, le Club aurait dû avoir connaissance de ces fax. Or, on l’a déjà mentionné, la conférence commence comme prévu et, après environ 50 minutes, la dame étrangère qui préside l’événement prend un air paniqué, comme si elle vient de recevoir ces fax. Elle montre au mari de Sayuri le document en anglais demandant l’annulation de la conférence de presse, ainsi que le document en japonais envoyé par l’avocat de l’Église. Le mari déclare que, selon le fax de ses parents, son épouse Sayuri est « mentalement anormale » et qu’elle « raconte beaucoup de mensonges », alors que le document original n’est pas rédigé en ces termes.
Ses parents ne pouvaient imaginer que les organisateurs liraient publiquement leur fax demandant l’annulation de l’événement pendant la conférence de presse. De plus, le mari de Sayuri a utilisé une traduction japonaise très approximative. On ne sait pas si le Club des correspondants étrangers du Japon a fait un résumé à l’improviste et l’a remis au mari de Sayuri, qui s’est contenté de le lire à haute voix.
Quoi qu’il en soit, comme je l’ai dit précédemment, beaucoup de gens dans le public ont eu l’impression que l’Église tentait de faire dérailler la conférence de presse. Au final, ce fut un grand succès pour ceux qui manipulaient la réalité et qui ont réussi à montrer l’Église sous un jour encore plus défavorable.
On a également accusé les parents d’avoir divulgué la maladie mentale encore indéterminée de leur fille et d’avoir violé son droit à la vie privée. Or, les parents estimaient que, dans la mesure où leur fille avait clairement affiché le nom de sa maladie sur Twitter, elle avait été officiellement diagnostiquée et ne voulait pas garder son diagnostic en suspens. Ils pensaient aussi que les symptômes de leur fille consistant à raconter des histoires fabriquées étaient effectivement similaires aux symptômes typiques du trouble dissociatif de l’identité. Ils avaient le sentiment que leur fille était désormais une personne différente, comme si une autre personnalité possédait son corps.
Par ailleurs, si on reproche aux parents une violation de la vie privée, l’attitude de Sayuri est encore plus problématique. Elle a tenté une défense incompréhensible sur YouTube, en déclarant : « J’ai consulté des personnes qui connaissent bien cette maladie, et j’ai inscrit la maladie sur Twitter dans mon profil en vue d’améliorer ma condition. »