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500 « sectes », 500 000 « victimes » en France ? La MIVILUDES avoue ne pas disposer de données récentes

01/08/2022Massimo Introvigne |

Elle confesse maintenant qu’elle a diffusé des statistiques vielles de plus de dix ans et déjà controversées à l’époque.

par Massimo Introvigne

Lire le texte originel en anglais.

MIVILUDES’s letter to CAP-LC.
La lettre de la MIVILUDES à CAP-LC. Cliquez ici pour agrandir la lettre.

La mission gouvernementale française avoue aujourd’hui s’être appuyée sur des chiffres vieux de dix ans (et controversés).

Si vous suivez la presse française, vous avez probablement lu qu’à cause de COVID-19, les « sectes », une vieille obsession en France, prolifèrent plus que jamais. En fait, il y a maintenant 500 « sectes », avec 500 000 « victimes », dont 50 .000 à 90 000 sont des « enfants ». Ces chiffres invraisemblables ont été repris par les médias français, et même mentionnés au niveau international.

Les vérificateurs de faits (fact-checkers) des médias fiables les ont probablement considérés à première vue comme légèrement étranges. Pourtant, ils ont été certifiés par une institution gouvernementale, la MIVILUDES, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Grâce à ce cachet gouvernemental, ceux qui ont repris ces chiffres dans les médias se sont fourvoyés.

Malheureusement pour ces médias et la MIVILUDES, il existe en France des lois similaires au FOIA (Freedom of Information Act) américain permettant aux citoyens d’accéder aux documents du gouvernement sous certaines conditions. L’ONG CAP-LC (Coordination des associations et des particuliers pour la liberté de conscience) dotée d’un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC (Conseil économique et social) des Nations Unies a utilisé ces lois pour demander à la MIVILUDES d’où provenaient ces statistiques.

Le 19 juillet 2021, la MIVILUDES a répondu, et la lettre a maintenant été publiée par le magazine français Rebelle[S]. Il s’agit d’une lettre très surprenante dans laquelle la MIVILUDES admet qu’elle ne dispose pas de statistiques récentes et qu’elle ne s’appuie que sur des documents anciens, datant parfois de 25 ans.

Pour les « 500 sectes », la MIVILUDES affirme que le chiffre est tiré du rapport controversé de 1995 établi par une Commission parlementaire française sur les « sectes ». En réalité, ce rapport recense 173 « sectes » et, comme l’explique la lettre, le chiffre de 500 inclut les « filiales ». Inclure les « filiales » reviendrait à prétendre qu’il existe en France des dizaines de milliers de religions en considérant chaque paroisse catholique comme une religion. Plus important encore, la liste de 1995 a été tellement critiquée et même ridiculisée que la MIVILUDES elle-même a déclaré à plusieurs reprises qu’elle ne s’y référait plus. Mais, elle l’a fait pour créer l’alarme par des statistiques bidon.

Le nombre de 500 000 « victimes » des « sectes », dit la lettre, arrondit le nombre de 460 000, qui proviendrait du rapport annuel d’activité de la MIVILUDES de 2010, c’est-à-dire d’il y a 11 ans. En fait, ce commentaire montre que la MIVILUDES lit mal ses propres documents.

Dans le rapport 2010, page 253, on lit, dans une séance consacrée à la Nouvelle-Calédonie, qu’on y a trouvé « 60 000 adeptes des groupes sectaires », ce qui signifie que la Nouvelle-Calédonie, alors qu’elle représente moins de 4 % de la population nationale française, concentre 20 % du nombre total des membres de sectes en France, évalué entre « 300 000 et 400 000 sur l’ensemble du territoire français ».

Si 60 000 est présenté comme un pourcentage du total, cela signifie que le chiffre est inclus dans le total. 60 000, c’est 20% de 300 000, ce qui signifie que le rédacteur de la partie du rapport consacrée à la Nouvelle-Calédonie a considéré le chiffre le plus bas comme moins incroyable que le chiffre le plus élevé, 400 000.

Cherchant un moyen de justifier son chiffre actuel de 500 000, la MIVILUDES en 2021 a pris le chiffre le plus élevé de 2010 (400 000) et a ajouté les 60 000 de Nouvelle-Calédonie (qui en fait étaient déjà comptés comme faisant partie des 300 000 ou 400 000), en prétendant inexactement que le rapport de 2010 parlait de 460 000 « membres des sectes », et a arrondi le chiffre à 500 000. Les médias aiment les chiffres ronds après tout. Comme dans des cas similaires, la section sur la Nouvelle-Calédonie du rapport 2010 ne fournit aucune source ni preuve pour le chiffre de la Nouvelle-Calédonie et pour le chiffre national.

Enfin, la lettre indique que le chiffre de 50 000 à 90 000 mineurs « victimes » de « sectes » ajuste le chiffre de « 35 000 à 100 000 » d’un rapport publié il y a 15 ans, en 2006, sur l’influence des « sectes » sur la santé physique et mentale des mineurs. Aucun étudiant de premier cycle ne pourrait s’en tirer avec un rapport d’étude « ajustant » de manière créative des statistiques vieilles de dix ans. Le rapport de 2006, en tout cas, présentait ses chiffres comme conjecturaux, déclarant que le nombre réel « reste difficile à évaluer ».

Le document de 2006 précise que « L’évolution même des mouvements à caractère sectaire rend difficile toute appréhension plus précise du nombre de mineurs concernés », pages 21 et 22. Une fourchette « entre 35 000 et 100 000 » montre qu’il ne s’agit même pas d’une véritable statistique, mais qu’elle est fondée sur les déclarations de quelques témoins, qui n’ont pas expliqué leurs sources ni leur méthodologie.

En résumé, nous savons maintenant, non pas grâce aux critiques de la MIVILUDES, mais grâce à la MIVILUDES elle-même, qu’elle ne dispose d’aucune statistique sur les « sectes », et que les chiffres qu’elle mentionne proviennent de documents de 1995, 2006 et 2010, qui ne sont même pas cités correctement et ne peuvent évidemment rien dire de la situation actuelle. Ces documents ont été largement critiqués par les universitaires lors de leur publication, et proposaient des chiffres incroyables basés sur les déclarations d’un petit nombre de témoins et de sources qui n’étaient pas mentionnées ou qui n’existaient peut-être même pas.

Les fausses statistiques, comme nous l’avons appris lors de la crise du COVID, constituent une part particulièrement dangereuse des informations fallacieuses (fake news). Elles sont intolérables lorsqu’elles sont diffusées par les médias, et deviennent un scandale public lorsque des institutions gouvernementales sont impliquées.

Tagged With: Anti-Cult, France

Massimo Introvigne
Massimo Introvigne

Massimo Introvigne (born June 14, 1955 in Rome) is an Italian sociologist of religions. He is the founder and managing director of the Center for Studies on New Religions (CESNUR), an international network of scholars who study new religious movements. Introvigne is the author of some 70 books and more than 100 articles in the field of sociology of religion. He was the main author of the Enciclopedia delle religioni in Italia (Encyclopedia of Religions in Italy). He is a member of the editorial board for the Interdisciplinary Journal of Research on Religion and of the executive board of University of California Press’ Nova Religio.  From January 5 to December 31, 2011, he has served as the “Representative on combating racism, xenophobia and discrimination, with a special focus on discrimination against Christians and members of other religions” of the Organization for Security and Co-operation in Europe (OSCE). From 2012 to 2015 he served as chairperson of the Observatory of Religious Liberty, instituted by the Italian Ministry of Foreign Affairs in order to monitor problems of religious liberty on a worldwide scale.

www.cesnur.org/

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