La Commission internationale des États-Unis pour la liberté religieuse s’exprime sur les implications inquiétantes des amendements proposés à la déjà mauvaise loi française contre les « sectes ».
par Massimo Introvigne
![Two USCIRF statements posted on its official X Twitter account.](https://bitterwinter.org/wp-content/uploads/2023/12/french-statement.jpeg)
![Two USCIRF statements posted on its official X Twitter account.](https://bitterwinter.org/wp-content/uploads/2023/12/french-statement.jpeg)
La Commission internationale des États-Unis pour la liberté religieuse (USCIRF) a exprimé son inquiétude quant aux amendements proposés par la France à sa loi anti-sectes existante, qui la rendrait encore plus dangereuse qu’elle ne l’est déjà pour la liberté de religion ou de croyance.
L’USCIRF est une commission indépendante et bipartisane du gouvernement fédéral américain, créée par la loi de 1998 sur la liberté religieuse internationale (IRFA). Ses commissaires sont nommés par le président et par les leaders du Congrès des deux partis politiques. Son objectif principal est de surveiller l’état de la liberté religieuse dans le monde. Par conséquent, l’USCIRF signale les situations qui, selon son évaluation faisant autorité, représentent un grave danger pour la liberté de religion ou de conviction.
Bien que certains antisectes, parfois drôles mais pas particulièrement brillants, associés à la FECRIS, l’organisation faîtière européenne de lutte contre les sectes, aient avancé l’argument ridicule selon lequel l’USCIRF est un groupe d’extrémistes chrétiens de droite indûment influencés par « Bitter Winter », l’organisation est en fait largement considérée comme l’un des organismes de surveillance de la liberté religieuse faisant le plus autorité dans le monde. Son président actuel est Abraham Cooper, un rabbin juif bien connu et un militant des droits de l’homme.
Le rabbin Cooper a publié une déclaration sur le compte officiel de l’USCIRF X (Twitter), exprimant son inquiétude quant au fait que « s’appuyant sur la loi About-Picard de 2001 [anti-sectes], ces modifications [de la loi] permettraient à des organisations gouvernementales connues pour cibler des groupes religieux minoritaires tels que les Témoins de Jéhovah et les Scientologues de participer à des procédures pénales liées aux sectes ». Il a fait référence au fait que les amendements à la loi recommanderaient aux procureurs et aux juges de consulter l’organisation gouvernementale antisectes controversée MIVILUDES dans les procédures liées aux sectes et permettraient à des groupes privés antisectes encore plus controversés de participer à des affaires judiciaires en tant que parties civiles.
![Une déclaration précédente de l'USCIRF suggère de lire le rapport de l'USCIRF de juillet 2023 pour mieux comprendre ce qui se passe en France.](https://bitterwinter.org/wp-content/uploads/2023/12/previous-X-USCIRF-statement-.jpeg)
![Une déclaration précédente de l'USCIRF suggère de lire le rapport de l'USCIRF de juillet 2023 pour mieux comprendre ce qui se passe en France.](https://bitterwinter.org/wp-content/uploads/2023/12/previous-X-USCIRF-statement-.jpeg)
En effet, dans une précédente déclaration de X, faisant également référence à la discussion de ces amendements de loi en France, l’USCIRF a invité à « lire le rapport de l’USCIRF sur les préoccupations en matière de liberté religieuse dans l’Union européenne pour en savoir plus sur les violations de la liberté religieuse en France, y compris la discrimination dirigée par l’État contre les groupes que le gouvernement qualifie de ‘sectes’ ».
Le rapport de l’USCIRF a été publié en juillet 2023 et note que « plusieurs gouvernements de l’UE ont soutenu ou facilité la propagation d’informations nuisibles sur certains groupes religieux. Par exemple, le gouvernement français a financé la Fédération Européenne des Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme (FECRIS), un organisme français à but non lucratif créé en 1994 qui a qualifié péjorativement certaines associations religieuses de ‘sectes’. De même, un organisme officiel relevant du ministère français de l’Intérieur, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), publie un rapport annuel qui dénigre régulièrement des groupes tels que les Témoins de Jéhovah et l’Église de Scientologie. L’organisation s’est associée à des agences gouvernementales, à des organisations religieuses et à la société civile pour les informer sur les soi-disant ‘sectes’ et a suscité des réactions largement positives de la part des médias français, ce qui a eu un impact négatif sur le respect sociétal pour les personnes associées à des organisations religieuses que la MIVILUDES qualifie de sectes. La MIVILUDES a également financé diverses ONG qui ciblent les organisations religieuses considérées comme des ‘sectes’ nuisibles, notamment l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (UNADFI) et le Centre contre les manipulations mentales (CCMM) ».
Toujours sur X, l’USCIRF, sous la signature du commissaire Mohamed Magid, a ajouté que « l’USCIRF est préoccupée par les implications pour la liberté religieuse des amendements proposés par la France qui renforceraient les infractions existantes liées aux sectes et augmenteraient les peines pour les violations ».
Les amendements proposés permettraient de criminaliser plus facilement les « sectes » qui subjuguent les « victimes » par des techniques imaginaires de « soumission mentale » ou de « lavage de cerveau », dont l’existence et l’utilisation par les nouveaux mouvements religieux ont été niées par les cours de justice de plusieurs pays et par la grande majorité des spécialistes des nouveaux mouvements religieux. L’USCIRF a également fait référence à plusieurs reprises aux théories accusant les « sectes » d’utiliser le lavage de cerveau et la manipulation psychologique comme partie de l’idéologie pseudo-scientifique anti-sectes propagée par la FECRIS avec le soutien de certains gouvernements, dont la France et la Russie.