La FPU a été critiquée par les médias lorsque Donald Trump a assisté (par vidéo) à l’un de ses événements. Nous présentons une étude et une évaluation de ce qu’est la FPU.
Par Alessandro Amicarelli (FOB, Fédération européenne pour la liberté de croyance), Willy Fautré (Human Rights Without Frontiers), Holly Folk (Western Washington University), Massimo Introvigne (CESNUR, Centre d’études sur les nouvelles religions), Marco Respinti (directeur responsable du magazine Bitter Winter), Bernadette Rigal-Cellard (Université Bordeaux Montaigne [em.]), Rosita Šorytė (FOB, Fédération européenne pour la liberté de croyance).
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Table of Contents
Introduction
Un événement intitulé « Rassemblement d’espoir 2021 » s’est tenu à Séoul, en Corée du Sud, le 12 septembre 2021. La situation de la COVID-19 faisait que l’événement était en ligne, suivi en direct dans le monde entier. Avec le décalage horaire, le matin du 12 septembre en Corée du Sud correspondait à la fin de l’après-midi ou au soir du 11 septembre dans diverses parties des États-Unis. L’ancien Président américain Donald J. Trump intervenait en visioconférence dans l’événement, qui portait sur la situation de la paix dans le monde et la possibilité d’une réunification pacifique de la péninsule coréenne.
L’événement en Corée du Sud était organisé par la Fédération pour la paix universelle (FPU), une entité fondée par le révérend Sun Myung Moon (1920-2012) et son épouse Hak Ja Han Moon. Trump a été critiqué aux États-Unis pour ne pas avoir assisté à la commémoration officielle des victimes de l’attentat terroriste du 11 septembre 2001, comme s’il attachait plus d’importance à l’événement coréen. Le Rassemblement d’espoir tombait en fait le 12 septembre. Le jour avait été choisi comme l’anniversaire de la fondation de la FPU en 2005, mais la diffusion aux États-Unis avait lieu le 11 septembre. Selon la FPU, Trump avait en fait enregistré son discours en août, deux semaines avant l’événement.
La critique de la presse a vite fait le tour du monde, dégénérant en une campagne visant deux groupes pas vraiment populaires auprès de la plupart des médias, Trump et ses partisans d’un côté, les « sectes » de l’autre. Les fondateurs de la FPU sont aussi les fondateurs de l’Église de l’Unification, l’une des cibles majeures du mouvement anti-sectes.
Au Royaume-Uni, The Independent écrivit que Trump s’était exprimé lors « d’un événement lié à [une] “secte” religieuse controversée » (Woodward 2021). Parlant aussi de « secte », un article du Huffington Post allait jusqu’à donner la parole à un militant politique nommé Jim Stewartson. Selon lui, la FPU était liée à une « secte christofasciste », rien de moins(Papenfuss 2021). D’autres médias ont utilisé le même langage.
L’article de Kahina Sekkai dans Paris Match était intitulé : « Donald Trump prononce un discours lors d’une conférence de la secte Moon ». L’événement coréen était décrit comme « une conférence de l’Église de l’Unification, le nom officiel de la secte Moon », Trump étant épinglé pour avoir applaudi le « travail pour la paix » du révérend et de madame Moon. L’article disait aussi que « deux fils du révérend Moon avaient formé une nouvelle congrégation pro-armes. Hyung Jin Sean Moon se trouvait au Capitole le jour de l’insurrection, le 6 janvier, et sa congrégation avait même organisé un système de transport de ses fidèles pour assister à la manifestation qui avait précédé l’invasion. » (Sekkai 2021).
Comme les autres que nous avons cités, l’article est un cas d’école des stéréotypes qui, s’agissant de « sectes », sont plus fréquents en France qu’ailleurs. Tout y est : le spectre de la « secte Moon », l’utilisation du mot désobligeant « mooniste » pour les membres du Mouvement de l’Unification (un mot proscrit par The New York Times et d’autres grands médias anglophones comme offensant), la confusion entre l’Église de l’Unification dirigée par madame Moon (opérant maintenant dans de nombreux pays sous le nom de Fédération des familles pour la paix et l’unification mondiales, FFWPU) et Sanctuary Church à Newfoundland, en Pennsylvanie, dirigée par Hyung Jin (Sean) Moon.
Comme toutes les religions, l’Église de l’Unification a connu des schismes avant et après la mort du révérend Moon en 2012. Les activités politiques de Sanctuary Church posent certainement problème. Qu’ils aient fait quoi que ce soit d’illégal le 6 janvier est une autre question : être près du Capitole le « jour de l’insurrection » et participer à l’attaque sont deux choses différentes. Pour autant qu’on sache, aucun membre du groupe de Sean Moon n’a été accusé de tout crime lié aux manifestations. De toute façon, Sanctuary Church ne fait aucunement partie du mouvement dirigé par madame Moon. Les deux organisations s’adressent des critiques virulentes et sont même en procès (Chryssides 2017). Calomnier l’organisation de madame Moon à partir des activités de Sanctuary Church est du journalisme de bas étage. Tout comme il est fort contestable d’utiliser l’opposition politique généralisée à l’ex-Président Trump comme une arme contre le Mouvement de l’Unification.
Mais le problème majeur de l’article est d’appeler un rassemblement organisé par la FPU « une conférence de l’Église de l’Unification ». Est-ce correct ? La Fédération pour la paix universelle et l’Église de l’Unification, appelée péjorativement en France « la secte Moon », sont-elles une seule et même chose ? Ce livre blanc entend clarifier la question, dont les implications dépassent le Mouvement de l’Unification.
Une herméneutique du soupçon
En 1965, le philosophe français Paul Ricœur (1913-2005) publie De l’Interprétation (Ricœur 1965), traduit en anglais en 1970 sous le titre Freud and Philosophy (Ricœur 1970). Il y forge l’expression « école du soupçon » (Ricœur 1965 : 40) et décrit une herméneutique du soupçon créée par trois « maîtres du soupçon » : Karl Marx (1818-1883), Friedrich Nietzsche (1844-1900) et Sigmund Freud (1856-1939) (Ricœur 1965 : 40). Du fait de l’influence généralisée de ces trois idéologues, beaucoup en sont venus à croire que la philosophie, la culture et les arts « cachent » toujours des mobiles inavoués, liés à la classe (Marx), au pouvoir (Nietzsche) ou à la sexualité (Freud). Philosophes, poètes et artistes ont beau se dire épris de vérité ou désireux de produire de la beauté, il est permis de soupçonner la véracité de ces affirmations. Ils feraient en réalité l’apologie directe ou indirecte de la classe sociale à laquelle ils appartiennent, chercheraient le pouvoir ou tenteraient de satisfaire leurs désirs sexuels.
Pour le protestant qu’était Ricœur, l’herméneutique du soupçon visait avant tout à « détruire la religion » (Ricœur 1965 : 41), en la réduisant à « autre chose » et en accusant les religieux de « dissimulation » (Ricœur 1965 : 17). Là où beaucoup voient des œuvres caritatives, les religions « dissimulent autre chose » en réalité selon les « maîtres du soupçon », à savoir la quête d’hégémonie, de pouvoir et parfois de relations sexuelles illicites de leurs dirigeants et membres.
William Sargant (1907-1988), un éminent psychiatre britannique, est ce chercheur qui voulut offrir des preuves scientifiques que les œuvres caritatives des religions dissimulaient des motivations de manipulation et de pouvoir. La notion de « lavage de cerveau » avait été inventée à l’origine par la propagande américaine pour expliquer comment les Soviétiques et les Chinois étaient capables de « convertir » au communisme les opposants emprisonnés et les prisonniers de guerre (Anthony 1996 ; Introvigne 2022). Dans son livre de 1957, The Battle for the Mind, Sargant s’en servit pour affirmer qu’en prétendant promouvoir la charité et travailler pour la paix, toutes les religions manipulaient subtilement leurs fidèles et recrutaient de nouveaux convertis (Sargant 1957).
Sargant, qui n’aimait pas la religion organisée (à la seule exception du paganisme ancien), affirmait que toutes les religions cachaient des arrière-pensées derrière leur travail caritatif : ses principaux exemples étaient le catholicisme romain et le méthodisme. Bien qu’influents dans certains cercles psychiatriques, les travaux de Sargant heurtèrent sans surprise les croyants et une bonne partie de l’opinion publique qui, à la fin des années 1950, était peu encline à accepter que les grandes organisations chrétiennes ne soient pas sincères.
Les travaux de Sargant prirent toutefois souche aux États-Unis avec Margaret Thaler Singer, une psychologue clinicienne (1921-2003). L’herméneutique du soupçon présentée dans The Battle for the Mind ne concernait pas, selon elle, toutes les organisations religieuses, mais seulement certaines, qualifiées de « sectes ». Les religions sont sincères dans leurs efforts, soutenait Singer, y compris lorsqu’elles défendent la paix et les activités caritatives. Les « sectes » sont des groupes manipulateurs, et leurs organisations censées défendre la paix, la culture ou la charité ne sont que des « façades » visant à recruter de nouveaux membres pour les groupes « sectaires » (Singer et Lalich 1995).
L’Église de l’Unification était pour Singer le type même d’une « secte » dont les organisations culturelles et d’intérêt public étaient en fait des « façades » malhonnêtes. Elle travailla d’ailleurs comme témoin expert contre cette Église dans la plupart des affaires judiciaires impliquant l’organisation du révérend Moon.
Les spécialistes des nouveaux mouvements religieux ont démystifié les théories de Singer, montrant de façon convaincante que les critères qu’elle proposait pour distinguer les religions sincères des « sectes » étaient flous et dissimulaient un jugement sur les croyances (Introvigne 2022). Les religions dont les croyances n’étaient pas dans la mouvance principale, ou déplaisaient au mouvement anti-sectes avec lequel Singer était en liens étroits, étaient qualifiées de « sectes », notamment l’Église de l’Unification. Comme l’a écrit David Bromley, un sociologue américain et l’un des principaux détracteurs de Singer, si un groupe est qualifié de « secte », ses « projets civiques sont considérés comme des opérations de relations publiques et les organisations affiliées sont qualifiées de groupes de façade avec dérision » (Bromley 1998 : 42).
Les tribunaux américains s’aperçurent que la plupart des spécialistes des nouveaux mouvements religieux ayant une démarche scientifique n’acceptaient pas la théorie des « sectes » de Singer. Son témoignage fut exclu, avec la décision Fishman de 1990, des affaires impliquant de nouvelles religions (Tribunal de district du district nord de Californie 1990). Cependant, même rejetées par les tribunaux américains, les idées de Singer sur les manipulations des « sectes » et sur les organisations caritatives et pacifistes comme « vitrines » pour les « sectes » restent vivaces en Europe et restent certainement populaires dans les médias.
La Fédération pour la paix universelle
De nombreux nouveaux (et anciens) mouvements religieux sont « millénaristes », autrement dit croient qu’un monde totalement différent et transfiguré remplacera bientôt le nôtre. Le mot « millénarisme » vient de l’idée d’un royaume de paix qui durera mille ans sur terre selon la Bible chrétienne, mais a également été adapté à des contextes non chrétiens.
La chercheuse américaine Catherine Wessinger distingue deux formes différentes de millénarisme. Dans un millénarisme « catastrophiste », Dieu imposera le Millénium aux humains par des châtiments et des catastrophes. Un millénarisme « progressiste » enseigne que le Millénium viendra quand un nombre suffisant d’humains coopéreront avec Dieu, recherchant un monde meilleur sur terre et prônant la paix avec sincérité (Wessinger 1997).
La plupart des nouvelles religions venues d’Asie de l’Est croient au millénarisme « progressiste » (bien que certaines adoptent la variété « catastrophiste »). Les érudits notent que même des chrétiens sont influencés par les prophéties et les idées locales selon lesquelles le monde passera par une « Grande Transformation » (appelée en Corée gabyeok), et que les humains devraient coopérer et préparer cette transfiguration par leurs bonnes actions (Baker 2008, 120).
De nombreux fondateurs de nouvelles religions au Japon, en Corée du Sud et à Taïwan ont aussi créé des organisations prônant la paix mondiale et le développement social mondial. Pour les nouvelles religions d’Asie de l’Est de la mouvance chrétienne, cela n’est pas surprenant. L’Église catholique et de nombreuses dénominations protestantes ont créé des dizaines d’organisations plus ou moins grandes pour la paix, la justice et le bien-être social. La plupart s’ouvrent à des membres de différentes religions. On entend rarement dire que Caritas Internationalis, l’énorme organisation créée par l’Église catholique pour le développement social et le bien-être, est une « façade » du catholicisme romain.
En Asie de l’Est, les nouvelles religions chrétiennes et non chrétiennes partagent l’idée, enracinée dans la culture traditionnelle locale, qu’œuvrer pour la paix et pour le bien-être de tous les êtres humains (et pas seulement de ses coreligionnaires) fait partie de l’auto-culture. C’est aussi la meilleure façon de préparer l’avènement d’un monde transformé, ce que Wessinger appelle le « millénarisme progressiste ».
En tant que nouveau mouvement religieux chrétien fondé en Corée, l’Église de l’Unification puise autant dans l’histoire du christianisme que dans les traditions religieuses locales l’idée de prôner la paix mondiale par le dialogue, la culture et le développement social. Le cas de l’Église de l’Unification et de la FPU n’est pas isolé. Presque chaque nouvelle religion d’Asie de l’Est a lancé des organisations mondiales pour la paix. Presque toutes ces organisations ont été accusées d’être les « façades » de « sectes » selon la terminologie de leurs adversaires.
Le révérend Moon et son épouse n’étaient pas les seuls guides spirituels d’Asie de l’Est à créer des organisations de paix et de dialogue. Pour ces Coréens, la tragédie de la guerre de Corée avait été un élément fondamental de leur expérience. Certaines des organisations qu’ils avaient fondées avaient pour but initial d’alerter le monde sur le danger du communisme. Cependant, alors que le 20e siècle touchait à sa fin, le révérend Moon et son épouse, prenant acte de l’évolution du climat international, ont mis en avant la réconciliation plutôt que l’affrontement.
En 1982, le révérend Moon a fondé le Washington Times à Washington en tant que journal dénonçant le communisme soviétique pour donner la réplique au Washington Post et sa ligne estimée trop à gauche. La fin de la guerre froide l’a rendu un peu moins militant. Il a ouvert ses colonnes à des articles d’opinion d’activistes et d’hommes politiques américains de différentes tendances, tout en maintenant l’accent sur les valeurs familiales traditionnelles et la liberté religieuse qui continuent d’en faire un quotidien conservateur.
Le 16 avril 1990, le révérend Moon a rencontré le Président russe Gorbatchev et l’a embrassé devant les photographes. En décembre 1991, le révérend et madame Moon se sont rendus en Corée du Nord et ont rencontré le Président Kim Il-sung (1912–1994). Pour bien comprendre la portée de cette rencontre, il faut se rappeler que le révérend Moon avait été emprisonné et torturé sous le régime de Kim entre 1946 et 1950.
Les rencontres avec Gorbatchev et Kim avaient plus qu’un sens politique. La théologie du révérend Moon supposait que les paires bibliques de Caïn et Abel et d’Ésaü et Jacob étaient complémentaires, en ce sens que les deux membres de chaque paire avaient un rôle à jouer. Les rencontres avec Kim et Gorbatchev représentaient symboliquement l’unification des côtés de Caïn et d’Abel, s’achevant sur une réconciliation, comme entre Esaü et Jacob. D’autre part, alors que la théologie fournissait les motivations profondesde telles réunions, les Moon en attendaient aussi des retombées pour la paix mondiale.
D’une certaine façon, le révérend Moon croyait qu’en retournant en 1991 à l’endroit en Corée du Nord où il avait commencé son travail en 1951, il pourrait désormais conclure sa mission et passer le flambeau à son épouse. Elle fonda bientôt la Fédération des femmes pour la paix mondiale et proclama le début d’une « ère de libération des femmes » (voir Introvigne 2000 :19).
Cependant, cela ne signifie pas que les activités des femmes sont devenues le seul, ni le principal objectif des activités de paix des Moon. Plusieurs autres organisations ont continué à fonctionner, la Fédération pour la paix universelle (FPU) a été fondée en 2005, suivie entre autres par l’Association internationale des jeunes et des étudiants pour la paix en 2017. La tournée inaugurale de la FPU a commencé en 2005, touchant 120 villes à travers le monde.
De grandes conférences de la FPU ont réuni d’anciens (et parfois actuels) présidents et premiers ministres de différents pays, ainsi que des figures de la religion et de la culture. Parmi ces rassemblements, citons le Sommet continental africain 2018 pour la paix, inauguré à Dakar, au Sénégal, le 18 janvier 2018 ; le Sommet pour la paix en Europe du Sud-Est, ouvert à Tirana, en Albanie, le 26 octobre 2019 ; le Sommet Asie-Pacifique, qui a débuté à Phnom Penh, au Cambodge, le 19 novembre 2019 ; le Sommet continental Afrique Niger 2019, dont la cérémonie d’ouverture s’est tenue à Niamey, au Niger, le 28 novembre 2019 ; le Sommet mondial 2019 à Séoul, Corée du Sud, du 7 au 9 février 2019 ; le Sommet mondial 2020, qui a également eu lieu à Séoul du 3 au 8 février 2020. Des réunions régionales ont également été organisées, notamment la récente Conférence des dirigeants des Balkans, organisée à Tirana, en Albanie, les 20 et 21 novembre 2021, qui a abouti à la signature d’un protocole de coopération entre la FPU et le Podgorica Club, une organisation créée en 2019 par les anciens présidents des pays d’Europe du Sud-Est.
La FPU est aussi présente dans un certain nombre d’organisations spécialisées, chacune ayant ses propres programmes :
- l’Association internationale des parlementaires pour la paix (AIPP)
- le Conseil international au sommet pour la paix (CISP)
- l’Association internationale des premières dames pour la paix (AIPDP)
- l’Association interreligieuse pour la paix et le développement (AIPD)
- l’Association internationale des médias pour la paix (AIMP)
- l’Association internationale des universitaires pour la paix (AIUP)
- l’Association internationale pour la paix et le développement économique (AIDE)
L’Association internationale des parlementaires pour la paix (AIPP) fut lancée le 15 février 2016 à l’Assemblée nationale de la République de Corée. Regroupant des parlementaires du monde entier, elle propose des forums pour défendre la paix et la démocratie et combattre la corruption. Des réunions nationales des membres de l’AIPP se sont tenues dans des lieux aussi divers que Manille, Londres, Rome et Asunción. L’association est devenue l’une des branches les plus importantes et les plus actives de la FPU. Aux États-Unis, la réunion inaugurale a été organisée par le président pro tempore du Sénat, Orrin Hatch (1934-2022).
L’Association interreligieuse pour la paix et le développement (AIPD) fut lancée le 13 novembre 2017 à Séoul, en tant qu’association partenaire de l’AIPP. Plus de 60 000 participants suivirent l’événement au stade de la Coupe du monde de Séoul. L’idée qui sous-tend l’AIPD est que les objectifs poursuivis par la FPU en général et par les parlementaires de l’AIPP ont aussi un aspect spirituel, le dialogue entre les religions étant un préalable nécessaire à la paix. Des réunions régionales ont réuni des représentants de la plupart des grandes religions.
Le Conseil international au sommet pour la paix (CISP) a été lancé le 8 février 2019, lors du Sommet mondial 2019 de la FPU à Séoul. Son objectif est de rassembler les chefs d’État et de gouvernement actuels et anciens. L’ancien vice-président américain Dick Cheney et l’ancien président américain de la Chambre des représentants Newt Gingrich étaient les orateurs principaux de la réunion inaugurale. Parmi les personnes présentes figuraient l’ancien Président du Paraguay, Luis Federico Franco Gómez, l’ancien Président de l’Albanie, Alfred Moisiu, l’ancien Président du Ghana, Jerry John Rawlings (1947-2020), et l’actuel Président de São Tomé et Príncipe, Evaristo Carvalho. Une deuxième assemblée s’est tenue le 4 février 2020 à Séoul.
L’Association internationale des premières dames pour la paix (AIPDP) fut lancée le 5 février 2020, lors du Sommet mondial 2020 de la FPU à Séoul, en partenariat avec la Fédération des femmes pour la paix mondiale. Parmi les oratrices présentes à l’inauguration figuraient Fionnuala Kenny, épouse de l’ancien Premier ministre irlandais, Sujata Koirala, ancienne vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Népal, les anciennes premières dames du Guatemala, du Nicaragua et du Nigeria, ainsi que les premières dames actuelles de Nauru et des Palaos.
Le Sommet mondial 2020 de la FPU a également été l’occasion de lancer l’Association internationale des médias pour la paix (AIMP), le 2 février, l’Association internationale des universitaires pour la paix (AIUP) le 5 février, et, à la même date, l’Association internationale pour la paix et le développement économique (AIDE). Ils s’adressent à trois communautés que la FPU identifie comme tout aussi importantes pour ses objectifs : les journalistes, les universitaires et les chefs d’entreprise.
Le réseau de la FPU comporte plusieurs autres initiatives et organisations, dont certaines poursuivent des projets que le révérend Moon et son épouse avaient lancés avant de fonder la FPU en 2005. Moon et certains de ses collaborateurs avaient un intérêt de longue date pour le football. La « Coupe de la paix » et « Football pour la paix » sont des programmes qui voient dans le sport un outil pour renforcer le dialogue international et l’amitié. D’autres projets poursuivent des efforts caritatifs et écologiques, notamment des projets de nettoyage et de développement autour du lac Baïkal et d’autres régions de Russie. Au Parlement britannique, un UPF Young Achievers Award se tient chaque année depuis 2010, où les jeunes concernés reçoivent leurs prix de leurs propres parlementaires.
La Route de la paix est une idée visionnaire défendue depuis longtemps par le révérend Moon, qui rêvait de relier l’Eurasie et l’Amérique par voie terrestre grâce à un tunnel en Alaska, et le Japon et la Corée par un autre tunnel. Au-delà de ces projets complexes, l’idée d’« autoroute internationale » de la Fondation mondiale de la Route de la paix soutient qu’un des moyens de rendre le monde plus pacifique est de le raccorder par des tunnels, des ponts, des autoroutes et des voies ferrées. Entre parenthèses, ces projets insistent sans cesse sur l’égalité de dignité et de droits de toutes les femmes et de tous les hommes, rendant ridicules les griefs de « racisme » parfois dirigés par des anti-sectes contre les dirigeants de l’Église de l’Unification impliqués dans la FPU.
La Fondation du prix Sunhak de la paix décerne, normalement tous les deux ans, un million de dollars aux lauréats qui ont contribué à la construction de la paix pour les générations futures. Lors de sa première édition, en 2015, le prix a été décerné au Président de Kiribati et militant écologiste international Anote Tong et au biologiste indien Modadugu Bijai Gupta, dont les recherches et les activités sont considérées comme cruciales pour résoudre le problème de la faim dans le monde.
Le principal moteur qui fait avancer les projets de la FPU est l’impressionnant réseau d’Ambassadeurs de paix, plus de 100 000 bénévoles de 160 pays qui œuvrent à promouvoir les divers événements et organisations de la FPU. Ils viennent de toutes les religions et dans leur immense majorité ne font pas partie de l’Église de l’Unification.
Étude de cas : le Sommet mondial 2020 de la FPU
L’analyse du Sommet mondial 2020 de la FPU offre une bonne étude de cas pour illustrer le fonctionnement pratique de la FPU et de son réseau d’organisations. L’événement s’est tenu à Séoul du 3 au 5 février 2020, quelques semaines avant que la crise du COVID ne rende impossibles les voyages et les grands rassemblements. Certains participants ont cependant annulé leur participation à la dernière minute du fait de l’épidémie, dont le Président Macky Sall du Sénégal, qui a reçu l’un des prix Sunhak de la paix et a envoyé une vidéo. Quelque 6 000 délégués de 170 pays ont néanmoins pu suivre la cérémonie inaugurale. 2 500 personnes ont participé aux séances plénières et aux sessions qui ont suivi, où plus de 300 ont donné des présentations ou des réponses (World Summit 2020 Executive Summary 2020 : 14).
L’événement alternait les sessions plénières et les sessions des diverses organisations du réseau de la FPU. Parmi les principaux orateurs figuraient l’ancien secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon (également lauréat du prix Sunhak de la paix), le Président du Guatemala, Jimmy Morales, l’ancien Président du Nigeria, Goodluck Jonathan, le Premier ministre du Cambodge, Hun Sen, le savant mexicain, Mario J. Molina, corécipiendaire du prix Nobel de chimie 1995 pour son rôle dans la découverte de la menace que le chlorofluorocarbone fait peser sur la couche d’ozone de la Terre, la vice-présidente des Philippines, Maria Leonor Robredo, le Premier ministre du Niger, Brigi Rafini, l’ancien président de la Commission européenne, José Manuel Barroso (et plusieurs anciens Présidents et Premiers ministres européens), le maire de Séoul, Park Won-soon (1995-2020), le vice-président du Myanmar, Henry Van Thio. Fait intéressant, le chef suprême de la Corée du Nord, Kim Jong-un, a envoyé un grand arrangement floral avec ses salutations. Le Président et madame Trump ont également envoyé un message de félicitations.
Dans l’analyse de l’événement, soulignons quatre points saillants pour le propos de ce livre blanc. En premier, il n’y eut aucune tentative de cacher ou de minimiser le fait que la FPU a été fondée par le révérend et madame Moon, et le rôle principal que madame Moon y joue toujours. Le programme officiel de la conférence comportait d’ailleurs un banquet pour présenter l’autobiographie de madame Moon (Moon 2020). Tout le matériel pour décrire l’événement rappelait que les Moon étaient les fondateurs de la FPU, la déclaration officielle du Sommet « reconnaissant respectueusement le leadership du Dr Hak Ja Han Moon et de son défunt mari, le révérend Sun Myung Moon (1920-2012), et leur grande vision pour la paix d’une famille en Dieu, une idée qu’ils se sont efforcés de réaliser tout au long de leur vie » (« Déclaration de paix du Sommet mondial 2020 », 16).
De fait, de nombreuses sommités qui ont pris la parole au Sommet ont mentionné et remercié le révérend et madame Moon. Toute allégation selon laquelle ces personnes ont été « induites en erreur » et ont participé à un événement « de façade » de l’Église de l’Unification sans le savoir est donc totalement infondée.
Deuxièmement, à l’exception des discours des dirigeants de la FPU qui sont également membres de l’Église de l’Unification, et dont certains font partie de la famille Moon, les références à la théologie du révérend Moon et de sa femme étaient étonnamment rares. De toute évidence, l’événement n’avait pas parmi ses objectifs la publicité ou la promotion de la théologie unificationniste, ou le prosélytisme pour l’Église de l’Unification. Cela aurait été à la fois difficile et inapproprié compte tenu du nombre de dirigeants de différentes religions qui ont participé au Sommet, y compris l’évêque Munib Younan, ancien président de la Fédération luthérienne mondiale, ainsi que des évêques orthodoxes et d’éminents prêtres et théologiens catholiques.
Troisièmement, il n’y avait aucune intention de promouvoir une position politique ou une idéologie particulière. Si le Président Trump a envoyé ses salutations, le guide suprême de la Corée du Nord, Kim Jong-un, a aussi envoyé les siennes. Jimmy Morales du Guatemala et Newt Gingrich sont des politiciens conservateurs, mais Hun Sen du Cambodge et l’ancien Premier ministre du Portugal et président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, représentent différentes incarnations du socialisme. Aucun d’entre eux n’a présenté son idéologie propre lors du Sommet. Respectant les règles du jeu, tous ont présenté des communications sur des sujets d’intérêt général tels que les menaces du changement climatique et du terrorisme, le dialogue interreligieux, le rôle et la réforme possible des Nations unies. L’apport original de la FPU sur ce dernier thème a souvent été salué par les universitaires et les politiciens.
Une conférence avec plusieurs centaines de communications ne peut pas éviter des différences de qualité, et un événement sur la paix dans le monde comprend toujours sa part de rhétorique et d’autosatisfaction. Le Sommet mondial 2020 n’a pas fait exception, mais maints articles avaient de la valeur tant aux plans politique qu’universitaire. Par la richesse et la variété de perspectives et l’analyse fouillée des sujets, bon nombre de vues présentées lors du Sommet mondial 2020 tiennent aisément la comparaison avec de nombreux autres sommets similaires, y compris ceux tenus par l’ONU et d’autres organismes internationaux.
Quatrièmement, l’événement a présenté et souligné dans plusieurs sessions le thème de l’unification pacifique de la Corée. La question était claire dans l’esprit et le cœur des organisateurs. Il était également clair que l’adjectif « pacifique » n’était pas de la rhétorique et que les attitudes agressives contre la Corée du Nord étaient soigneusement évitées. L’unification coréenne est un thème délicat. La plupart des discours ont évité la rhétorique et ont proposé des approches de bon sens avec lesquelles beaucoup pourraient être d’accord.
Conclusion : pourquoi font-ils cela ?
La FPU est un vaste réseau. Ses Ambassadeurs de paix viennent de nations, de cultures et de religions très diverses. Quiconque étudie ces organisations connaît la difficulté, l’impossibilité même, de réunir un public divers et nombreux sous l’égide d’une idéologie commune.
Ne pas afficher d’idéologie n’empêche nullement la FPU de proposer des valeurs. Une idée de base est que la paix mondiale passe par le dialogue, la coopération, le service aux autres et des actions guidées par la moralité. La FPU en est certes consciente : dans notre société pluraliste coexistent des notions très différentes de la morale. La FPU défend le principe général selon lequel la moralité a un aspect spirituel, et que nous formons tous « une seule famille humaine en Dieu ». Les athées peuvent s’en émouvoir, mais la FPU n’exclut pas les humanistes et les athées du dialogue et du champ d’action.
La formule « une famille humaine en Dieu » fait partie de l’héritage du révérend Moon, tout comme l’accent mis sur la famille en tant qu’école où l’amour et la paix peuvent être appris. Mais les unificationnistes et les non-unificationnistes peuvent interpréter différemment la formule. Les membres de l’Église de l’Unification voient la « famille unie » comme une communauté reconnaissant le révérend et madame Moon comme les Vrais Parents, avec un rôle messianique pour notre époque. Cela dit, il n’est pas nécessaire de reconnaître le rôle messianique des Moon pour croire que nous faisons tous partie d’une même famille humaine et que nous devons nous comporter comme tels. Cet idéal peut plaire aux femmes et aux hommes de toutes confessions.
Il ne faut pas confondre les motivations de ceux qui promeuvent certaines activités caritatives et pacifistes avec la nature et les effets de ces activités. Pour reprendre un exemple déjà utilisé, les cadres du Vatican et les prêtres catholiques qui ont lancé et dirigent Caritas Internationalis étaient et sont animés par une idée chrétienne de responsabilité envers les pauvres, qu’ils considèrent comme des filles et des fils de Dieu rachetés par Jésus-Christ. On peut aussi se dire que les évêques et prêtres catholiques qui œuvrent pour Caritas aujourd’hui espèrent que leurs bonnes actions serviront l’image de l’Église catholique, qui a eu sa part de publicité négative sur d’autres sujets. D’autre part, les règles de Caritas Internationalis stipulent strictement que l’acheminement de l’aide humanitaire ne doit pas servir d’outil de prosélytisme pour convertir les non-catholiques au catholicisme ; beaucoup de non-catholiques travaillent avec Caritas, dont les activités sont en général saluées pour leur efficacité.
De même, les unificationnistes qui dirigent la FPU, travaillent pour la FPU et font des dons à la FPU (pour laquelle les contributions de donateurs privés, membres et non-membres du Mouvement de l’Unification, sont importantes), sont sûrement motivés par les idées spirituelles du révérend et de madame Moon. Ils ne s’en cachent pas, comme l’a démontré notre analyse de l’événement 2020. Ils sont également conscients que les événements de la FPU profitent à l’image de madame Moon en tant que dirigeante ayant des idées pertinentes sur les questions internationales, ce qui peut être apprécié également par beaucoup de ceux qui ne partagent pas sa théologie. D’autre part, il est également vrai que la plupart des volontaires de la FPU et des Ambassadeurs de paix ne sont pas membres de l’Église de l’Unification, et que les membres unificationnistes de la FPU ne la conçoivent pas comme un outil devant servir au prosélytisme.
La FPU n’est pas non plus utilisée pour promouvoir des idéologies ou des partis politiques partisans. L’expression reductio ad Hitlerum est largement utilisée pour indiquer qu’afin de discréditer certains mouvements ou hommes politiques, leurs opposants tentent de les associer, à tort ou à raison, au nazisme. Aujourd’hui, il peut sembler parfois qu’il y ait aussi une reductio ad Trump. L’ancien Président américain est si impopulaire auprès de nombreux grands médias qu’il semble suffisant d’associer une organisation à Trump pour la disqualifier. C’est ce qui est arrivé à la FPU après le Rassemblement d’Espoir 2021. Les attaques basées sur la participation vidéo de Trump à l’événement étaient soit mal informées, soit malveillantes. Des politiciens de tous les bords politiques ont participé à cet événement et à d’autres événements de la FPU. Tous les avis sur Trump sont possibles, mais dans une conférence sur les relations entre les autres pays et la Corée du Nord, inviter un ancien Président américain très impliqué dans les questions coréennes n’aurait pas dû surprendre.
Pour conclure, on se retrouve avec deux récits irréconciliables sur la FPU. Le premier est qu’on a une ONG et un groupe de réflexion dont les activités sont suivies par des dirigeants prestigieux tels que Ban Ki-moon et José Manuel Barroso, et qui propose des prises de position, des conférences et des documents intéressants sur les questions de paix et de développement international, notamment sur les relations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Comme beaucoup d’autres organisations similaires, elle a été promue et est dirigée par des religieux qui ne cachent pas leurs motivations religieuses. Cependant, elle comprend de nombreuses personnes qui ne partagent pas leurs croyances religieuses et ne sert pas au prosélytisme. Se servir de la théologie unificationniste pour convertir les autres serait très contre-productif pour la FPU. La FPU invite en majorité à ses activités des dirigeants politiques, religieux et de la société civile aux idées et aux points de vue bien arrêtés. Ils sont aussi éloignés que possible du profil de la personne « en quête » d’une nouvelle religion.
Cette démarche nous rappelle deux organisations peu susceptibles de servir de « façades » pour les « sectes » : les Nations unies et le Vatican. De nombreux nouveaux mouvements religieux ont créé des organisations caritatives et de promotion de la paix. S’ils sont suffisamment actifs, et qu’aucun État membre des Nations unies ne décide de s’opposer à eux, ils peuvent obtenir un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC (Conseil économique et social) de l’ONU. Au 7 janvier 2022, 5 003 organisations jouissaient d’un statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC. Cependant, seules 140 ONG sont dotées du statut consultatif général (ECOSOC 2022).
Le statut consultatif général est réservé, selon l’ECOSOC, à « des ONG internationales assez importantes et établies avec une large portée géographique », qui ont offert des « contributions substantielles et soutenues » aux objectifs des Nations unies dans « plusieurs domaines ». En 2018, la FPU a obtenu le statut consultatif général auprès de l’ECOSOC, une position qui n’est certainement pas accordée à la légère et sans une observation et une évaluation longues et précises.
Les dirigeants d’ONG et même de nouveaux mouvements religieux demandent régulièrement à être reçus au Vatican et à prendre des photos avec le pape. S’ils ont des parrains que le Vatican souhaite satisfaire, ils sont normalement invités à participer aux audiences générales, où le pape rencontre collectivement des centaines de personnes (et peut se faire photographier avec certaines d’entre elles).
Les audiences privées sont une tout autre affaire et passent par un processus de sélection très compliqué. Le Vatican est conscient que certaines organisations peuvent utiliser des réunions et des photos à des fins de promotion. Lorsqu’une réunion est approuvée par la secrétairerie d’État du Vatican et par le pape lui-même, cela est rendu public par le bulletin quotidien du Saint-Siège. Le bulletin du Saint-Siège du 1er juillet 2019 a dûment rapporté que le pape François avait rencontré en audience privée « le Dr Thomas G. Walsh, président de la Fédération pour la paix universelle » (Ufficio Stampa della Santa Sede 2019).
Tant à l’ONU qu’au Vatican, le FPU a réussi le plus haut niveau d’examens. Il serait inconcevable que les diplomates qualifiés de l’ONU et du Vatican impliqués n’aient pas eu connaissance du lien de la FPU avec le révérend et madame Moon. Pourtant, ils ont conclu, à juste raison selon nous, que la FPU n’était pas une branche de prosélytisme ou de publicité de l’Église de l’Unification, mais une ONG respectée qui avait prouvé son utilité et sa qualité au fil des ans.
Le deuxième récit, dont Paris Match a offert un exemple, est que la FPU n’est pas ce qu’elle prétend être, mais n’est qu’une « façade » de la « secte Moon ». L’aide humanitaire et l’attention aux questions internationales cacheraient des visées de prosélytisme et de propagande.
Ce livre blanc devrait persuader nos lecteurs que le deuxième récit est à la fois injuste et factuellement faux. C’est injuste, car les activités pacifiques et culturelles similaires des religions dominantes ne reçoivent pas les mêmes critiques. Il est admis que leurs activités pour la paix, le dialogue et le bien-être social sont promues de bonne foi, par désir sincère d’un monde meilleur, plutôt qu’à des fins de prosélytisme ou d’autopromotion. Seules les activités des nouveaux mouvements religieux sont accusées de dissimuler des motivations cachées.
Ainsi, un cercle vicieux se crée. Si un nouveau mouvement religieux ne consacre son temps qu’à des activités missionnaires et religieuses, on dira que c’est typique des « sectes », tandis que les « vraies » religions voient plus loin et aident les autres êtres humains. S’il s’engage dans des activités caritatives, sociales ou culturelles, on prétend que ce sont de pures « façades » de prosélytisme et de propagande.
La théorie selon laquelle la FPU mène ses activités à des fins de prosélytisme au nom de l’Église de l’Unification ne résiste pas à l’examen des faits. À notre connaissance, aucun des Présidents, Premiers ministres, lauréats du prix Nobel, guides spirituels et autres participants aux activités de la FPU ne s’est converti à l’Église de l’Unification. C’est d’abord théoriquement peu probable. Cela ne s’est tout simplement pas produit dans la pratique. On serait bien en peine de croire que les activités de la FPU ont rendu moins virulents ceux qui accusent l’Église de l’Unification d’être « une secte », c’est en fait plutôt le contraire.
La conclusion nous paraît incontournable. La FPU est une organisation fondée par le révérend et madame Moon. Certains membres de l’Église de l’Unification y ont des postes de direction, mais elle est soutenue par le travail bénévole de dizaines de milliers de personnes qui, dans leur majorité, ne sont pas unificationnistes. Elle ne cherche pas à convertir les autres à l’Église de l’Unification, ni à défendre une ligne politique partisane, mais à promouvoir des débats de haut niveau sur des sujets liés à la paix mondiale et à soutenir de plusieurs façons des projets caritatifs et humanitaires.
La qualité de son travail a été reconnue, entre autres, par l’ONU et le Vatican. Tenir les dirigeants mondiaux qui participent à ses conférences et les plus de 100 000 Ambassadeurs de paix pour les « marionnettes » d’une « secte » est plus qu’offensant. C’est une théorie ridicule, le fruit même des préjugés que les organisations internationales et les amis de la paix et du dialogue devraient travailler sans relâche à éliminer.
Sources
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“World Summit 2020 Peace Declaration.” 2020. Dialogue & Alliance: A Journal of the Universal Peace Federation 34(1):16–8.
Note : Nous avons aussi consulté les recueils du magazine FPU Today: Innovative Approaches to Peace, et de la revue Dialogue & Alliance: A Journal of the Universal Peace Federation, ainsi que les dépliants et brochures de la FPU. Nous sommes aussi partis d’entretiens avec des volontaires de la FPU à New York, Paris, et Séoul ; certains d’entre nous avons suivi les programmes de la FPU dans divers pays.